Défense et illustration de rien (Laura Vazquez)

Parce que la poésie contemporaine n’a pas besoin d’être défendue, elle est elle-même de la self-defense mentale. Un manuel d’insoumission, une disjonction du son et du sens.

Parce que la poésie contemporaine n’a pas besoin d’être illustrée, parce que la poésie ce ne sont pas des belles images à coller dans un cahier.

Défense et illustration de rien.

D’ailleurs peut-être que c’est ça, un peu, la poésie, ce qui n’arrive pas tout à fait, ce qui n’arrive pas tout à fait à faire image, ce qui y résiste, ce qui hésite :

« Si seulement l’image de l’arbre n’était pas l’arbre la moelle des os devient grise ou noire si les oreilles pendaient jusqu’aux pied comme pendent les morts sous la terre à la manière de la terre dans une obscurité froide parfaite »

Difficile de test ça. Claque la tête et la langue.

Vous voulez en apprendre les katas ? Écoutez, lisez Laura Vazquez qui vous propose aussi des ateliers d’écriture en ligne.

Défense et illustration de quoi, donc ? De Rien. Menaces sur tout. Je dis ça à cause de l’autre Menace de la même Laura Vazquez chez les mêmes (feues ?) éditions derrière la salle de bains et à cause de l’excellent Menaces d’Amélia Gray et ses Cinquante façons de manger son amant que l’on inventera encore et encore jusqu’à ce que la réalité ignoble qu’elles désignent se défasse à jamais à jamais.

Ta réalité en flammes. Ta parole en flammes mortes.  Ton silence en miettes. Ramasse tout ça. Jette-le aux pigeons amis.

Ce qui est merveilleux dans cette poésie, c’est qu’elle n’est pas un piège à émotions, piège à cons, ni cette élection élective de mots rares arrachés à des pages lointaines que plus personne ne consulte, mais la saturation du sens dans le cerveau slicé par des effets syntaxiques nous faisant « toucher le fantôme toucher la forme comme une pluie des années ». Ou encore, par effet d’accélération nous faisant apparaître Dieu dans une mie de pain : « A l’intérieur du pain on trouve un sentiment Dieu ne s’intéresse qu’à lui-même on ouvre le pain… » On se fait légiste de Dieu avec un simple morceau pain et une lecture trop rapide, n’est-ce pas fabuleux ?

Quand tu songes que la Défense et illustration de la langue française, manifeste des poètes de la Pléiade était le rêve de réinventer la langue française et qu’aujourd’hui on y pense comme à une langue au vernis craquelé, au classicisme honni – c’est drôle. Défense et illustration de rien c’est plutôt un anti-manifeste, une façon de défaire notre pensée, une façon de récréer la langue et l’imaginaire – une trahison et une fidélité à la Pléiade.

Est-ce qu’on sait aujourd’hui repérer les Pléiades dans le ciel ? Il faudrait. Et lire Défense et illustration de rien ou s’en inspirer.

***

Hidden track pour être resté.e jusqu’au bout, Laura Vazquez et Simon Allonneau avec leur groupe TSUKU :

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