C’est depuis mon futur que j’ai voulu écrire.
Peut-être est-ce bête, peut-être est-ce fou.
Ce nom de Lucien Raphmaj a été ainsi cette étoile inconnue m’éclairant depuis mes œuvres à venir et à elle je promettais d’être à sa hauteur.
J’ai souscrit à toutes les théories qui donnait au nom quelque chose délié de la fatalité, l’espace d’un écart entre le masque et le visage : un souffle s’est formé dans cette courte distance.
Il faut tant de disparitions pour apparaître.
Ce n’est pas oublier que je suis un enfant de Tchernobyl, des mélancolies laissées à elles-mêmes, des formations et de déformations des idées comme celle des nuages des ciels pâles du Nord.
Je suis fait de ce visage de ciel pâle.
Ce sont ces œuvres qui forment ici le mieux mon exobiographie.
SPECTROGRAPHIES
Cellulairement (2012)
Participation à l’exploration de la hantise et de l’identité.
Spectrographies (2013)
Film. « Au fil d’une nuit fantastique, un personnage arpente sans fin des avenues froides et nues, des institutions désertes, des non-lieux inhabités, en marche, en quête, solitaire – guettant les apparitions de fantômes venant se glisser dans son sillage. Suspendu aux télé-technologies (téléphone, puce électronique) de l’intime, il semble se nourrir de l’absence d’un être aimé, ailleurs, loin, intouchable, dont l’absence hante sa déambulation. »
The Day Empty Its images (2014)
Nouvelle. En écho aux images d’Anaïs Boudot.
« La mer, on la voit enfin, continent opaque et calme.
Trop tard – la mer est là, dévorée par la pensée.«
TRAUM
Le cas Y (TRAUM, 2016)
Exposition. « Basée sur la catastrophe du Soyouz TMA-99M, « le cas Y. » restitue les archives de ce vol habité où Vlad K. périt du fait de la crise de l’opérateur de lancement Yevgeni G. au moment critique de l’allumage de la fusée. Reconstitution de cette catastrophe fragmentée, l’exposition présente dessins, thermogrammes, archives, poèmes, enregistrements, messages-néons, extraits de films. »
Cellule d’enquête du cas Y (2016)
Conférence. « Créée pour étudier les lignes de fuite dessinées par la fragmentation de Vlad K et celle, psychique, de Yevgeni K (devenu Jenia), la cellule d’enquête mélange le point de vue de l’astrophysicien, du philosophe, de l’artiste et de l’hypnothérapeute qui confronte Jenia aux circonstances de sa disparition. »
TRAUM (2017)
Film. » De l’analogie que l’on pourrait avoir en rêve, entre « Traum » (rêve en allemand) et « trauma », TRAUM raconte l’histoire de Yevgeni. Son rêve était comme celui de Vlad, son ami, de devenir Cosmonaute, mais contrairement à lui, il échoue aux examens. Ils se retrouvent cependant dans une mission où Vlad sera le pilote et lui, l’opérateur de lancement. Cependant durant le lancement, Yevgeni a une crise et le lancement se termine tragiquement. Hanté par ce désastre, errant entre cauchemar et réalité, Yevgeni cherche une échappatoire. «
Le paradoxe de V (TRAUM) (2017)
Danse. « TRAUM (le paradoxe de V.) est un spectacle imaginé et créé avec Matthieu Barbin, et mis en musique par Victoria Lukas. Fable rétrofuturiste, cette proposition allie la danse à des éléments visuels, et utilise différents langages et outils permettants d’actionner une chorégraphie. Dans cet univers plastique évolue le personnage de Vlad, dont le corps se retrouve accidentellement pulvérisé dans l’espace. Jouant sur l’homonymie entre « traum » (« rêve » en allemand ») et « trauma », ce projet décrit les multiples états de conscience et d’identité que le personnage éprouve lors de son accident. Matthieu Barbin donne corps à ce héros cosmique, interrogeant la superposition de ses états-limites, étirant le temps de sa mort pour interroger les potentialités plastiques de cet événement traumatique. »
Notes de sommeil (journal de Yevgeni) (2019)
Texte. « Ce journal de Yevgeni (Le cas Y., TRAUM) permet d’habiter plus longuement les pensées acteurs de la catastrophe, non pas réduit à leur présent détruit, mais à leur désir d’étoiles ancien, leurs lignes de vie et leurs lignes de failles nourrissant les nouvelles mythologies qu’ils ont créé. »
Extraits publiés dans la revue Espace(s) du Cnes, n°18.
Valparaíso (2019)
Poèmes. « Écrits pour SMITH dans une proximité essentielle, presque télépathique, et sans avoir encore vu les photographies, les poèmes de Valparaíso disent la traversée des langues, des réalités sociales, des découvertes de ce voyage au Chili. »
Blandine Volochot (2020)
Conte poétique. « Échappée de son impossible laboratoire spatial, Blandine Volochot est une tentative poétique d’écrire la critique fiction de deux univers mutés l’un en l’autre. Mais plutôt qu’une traduction belle infidèle des concepts et idées de Blanchot et de Volodine, Blandine Volochot est une créature rebelle s’émancipant dans son chemin poétique où, en douze chapitres, en plusieurs morts, en plusieurs amours, en péripéties et en aberrations elle se révolutionne dans tous les sens. »
Édité par les éditions Abrüpt.
Capitale Songe (2020)
Roman. « Aux confins du capitalisme, le sommeil est abducté avec les rêves par des intelligences vampires. Tel est le cauchemar contemporain dont on ne peut pas se réveiller. Mais peut-être que résonne alors, au bout de cette grande fatigue, une autre mélodie du sommeil, des variations et des modulations que l’on perçoit alors d’une autre oreille. »
Édité par les éditions de l’Ogre.
DÉSIDERATION
In Somnis : cosmic junkies (2016)
Film. « Arles, France, Rencontres de la photographie, l’été. Un étrange virus du sommeil est transmis aux visiteurs de la ville par des moustiques venues des étoiles. Les yeux clos, sujets aux attractions célestes, les infectés hantent de manière somnambulique durant la nuit, dessinant de leur pas une mystérieuse cartographie vivante orchestrée par le patient zéro. «
Unda (2016)
Film. » Tous les cent ans une crue phénoménale recouvre Paris. Le bâtiment de la Samaritaine surplombe la Seine en train de déborder, faisant déborder d’autres choses que le temps. Dans les sous-sols du bâtiment, entre passé et futur, une forme reprend vie, continue son cycle d’apparition et de disparition centenaire. Son nom est Unda, une femme sans corps, réveillée par les mouvements du fleuve agité par la lune. »
Astroblème (2018)
Livret d’opéra. » “Astroblème” (mot composé de ástron, “astre”, et de blêma, “coup”, qui désigne l’ensemble des traces laissées par l’impact d’une météorite ou d’un astéroïde sur Terre) réunit textes et images pour relater les péripéties croisées d’un humain atteint de désidération, et d’une météorite martienne, NWA 10170 – en transit entre deux mondes. »
Livre paru aux Editions Filigranes.
Désidération : prologue (2019)
Projet collectif cosmologique. Voir le site dédié à désidération et l’entretien pour Diacritik.
« Ce projet esquisse la pensée d’une humanité interstellaire à la recherche de son lien avec son cosmos originaire, en composant la possibilité d’une autre histoire, d’un autre destin de l’espèce humaine, à l’intersection de l’art, de la performance, de la philosophie, de la science, des narrations spéculatives et de la spiritualité. «
Les Apocalyptiques (2020)
Film. « Quatre figures de la fin des temps se dirigent dans l’étrange boîte de Schrödinger qu’est la Samaritaine, suspendue entre destruction et rénovation. Dans ce temps incertain va s’accomplir une décomposition de l’apocalypse, tandis que personnage sont métamorphosés en de nouvelles formes, en de nouveaux corps. »
L’Expérience (2020)
Podcast. « La désidération est déjà en vous ! Elle est la conjonction du manque et du désir des étoiles et l’appel de leur retour microcosmique, à l’intérieur de nous. A travers une Expérience hors du commun rêvée avec Lucien Raphmaj, SMITH nous guide vers les origines mythologiques de cette émotion. »
Desiderea nuncia (2021)
Livre. Avec le studio Diplomates et SMITH.
Explorant la porosité des pratiques artistiques, scientifiques, de la philosophie et des narrations spéculatives, Désidération propose une autre mythologie du spatial, à travers la pensée d’une humanité interstellaire en quête de nouvelles alliances avec son cosmos originaire. Jouant sur le trouble de son étymologie, qui oscille entre le regret de la perte des étoiles (de-sideris) et le désir de leur retour, la désidération désigne à la fois une proposition de diagnostic et de remédiation au désastre contemporain, au capitalisme tardif, à l’anthropocène terrifiant. Notre civilisation semble avoir perdu quelque chose de fondamental dans son rapport quotidien avec le ciel étoilé. De ce fait discret, qui met en lumière les destructions matérielles et spirituelles de nos sociétés, doit procéder une nouvelle configuration de l’imaginaire, une zone à rêver où se forment de nouvelles mythologies peuplées de figures hybrides, pour inventer un nouveau pacte avec le cosmos. Ainsi, avec la figure terrestre d’Anamanda Sîn, on découvrira une nouvelle sensibilité, où les météorites constituent le lien entre le passé et l’avenir, la terre et le ciel, l’art et la science, le non-humain et l’humain, la mélancolie et le désir.
Prix du livre Photo-Texte 2022.
Contre-nuit (2022)
Essai. »Contre-nuit n’est pas la simple contre-histoire de la nuit. Car l’histoire de son effacement, de sa disparition de notre temps et de notre espace, le retrait de la nuit étoilée et de toutes ses ramifications en nous ne nous suffit pas. Après le constat de notre désidération vient le moment d’agir en faveur d’une contre-nuit.
Mythologies cannibales des nuits passées, désastre des nuits présentes, amitologie des nuits futures, la contre-nuit est ce point de nuit noire dans nos nuits blanches traversant l’existence, la poésie, la philosophie, la cosmo-politique, et l’intime de tout dehors.
La contre-nuit se veut ainsi contre-feu, contre-ciel ; autre nuit, autre ciel – à la verticale des étoiles, à l’horizon du monde. La contre-nuit veut te faire sentir son battement de cœur de pulsar, sa musique drone, nuit contre-nuit, nuit après-nuit. »
Édité par les éditions Abrüpt.
Une météorite nommée désir (2023)
Roman. Une météore qui vibre, un téléphone qui parle, une fille sans avenir – voilà les éléments difficiles du scénario que cette jeune fille paumée tente d’agencer pour poursuivre son rêve, se mettant à suivre les SMS d’un météore de publicité pour essayer de déjouer avec naïveté et ironie le marasme de l’été et d’une vie qui lui semble gâchée à trop avoir rêvé et trop peu accompli.
Du rêve grinçant on passe cependant rapidement au cauchemar bien réel, à cette crise existentielle qui se donne quand on a tout perdu, même les étoiles, dans une désorientation profonde où l’absence de ciel se lie la faillite du désir. »
Édité par les éditions de l’Ogre.
Critique littéraire :
Essais. Avec Marc Verlynde :
- A te souvenir de l’insomnie des mondes, revue Error, 2022
- Stase-seconde, revue Error, 2022
- Tiers essai, revue Error, 2022
- La ligne d’ombre, revue Error, 2023
Critiques publiées la revue Diacritik :
- « La matière du fantasme continue à exister » Elsa Boyer (Orbital)
- « A l’Orient des machines » Emmanuelle Jawad (Interférences)
- « Poétique de l’idiotie » Laura Vazquez (La semaine perpétuelle)
- « Tremblé par le désir » Amandine André (Anatomique comme)
- « Vers ce qui nous absente » Pierre Cendors (L’énigmaire)
- « Demain les humains » : Léo Henry (Tresses, souvenirs du narratocène)
- « Menaces d’insérer » : Amélia Gray (Menaces)
- « Spectralisme » : Manuel Candré (Des voix)
- Crevel, cénotaphe, Marc Verlynde
- Le chant de la mutilation, Jason Hrivnak
- Miroir de nuit : Pierre Cendors (Silens Moon)
- « Silence that matters » : Jean-Philippe Cazier et Frank Smith (24 états du corps par seconde)
- « Des Esseintes dans la ZAC » : Cécile Portier (De toutes pièces)
- « L’ordure lyrique » : Marcel Moreau (A dos de Dieu)
- « Cosmomorphisme » : Pierre Cendors (Vie posthume d’Edward Markham)
- « Tandis qu’ils survivent » : Joël Casséus (Crépuscules)
- « Comme un rêve où nous sommes » : Mathieu Brosseau (Chaos)
- « Nous pourrions, prétendait-elle, raconter à haute voix des histoires, et nous en servir comme repères » : Lutz Bassmann (Black village)
- Jean-Philippe Cazier : Théorie des MultiRêves
- « Le livre des déroutes » : Quentin Leclerc, La ville fond
- « Le livre invenir » : Jean-Philippe Cazier, L’ la phrase. L’
- « Littérature inquiète » : Javier Cercas, Le point aveugle
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